"Se prêter au jeu" Création d'un fanzine
Ateliers d'écriture d'un fanzine à la maison d'arrêt de Fleury Par Charlotte Cheveau, Mathilde Recton et Nina Le Roux
Du vendredi 11 octobre 2024 au mercredi 19 février 2025
Fleury-Mérogis - Maison d'arrêt
11oct
19fev
A l’automne 2024, 2 fois par semaine pendant 6 semaines, Charlotte Cheveau, Mathilde Recton et Nina le Roux sont allées à la maison d’arrêt pour hommes de Fleury-Mérogis.
« Se prêter au jeu » est un atelier d’écriture d’un fanzine, objet artisanal édité et imprimé à la main à l’imprimerie ZYX de Bretoncelles, le 22 novembre 2024.
Edito du fanzine
Une fois passés 8 portes, 4 contrôles d’identité et des minutes d’attente pour arriver jusqu’au bâtiment D1, et en dépit des habitudes prises, on s’étonne encore d’entendre au haut-parleur :
« Activité Se prêter au jeu – Préparez-vous ».
Dans la petite salle d’activité ou dans l’espace biscornu de la salle poly, avec le brouillard du matin ou la digestion du midi, avec ceux qui sont là, on choisit comme porte d’entrée d’un espace-temps commun l’expression “se prêter au jeu”, parce qu’on peut l’entendre de plusieurs manières.
On pratique l’écriture minute, automatique ou carottée à d’autres, on joue, parfois on fait semblant, on commence toujours par un rituel de partage avec la possibilité de se raconter à travers nos chansons, des textes, nos rêves ou des anecdotes. On a le droit de ne pas. On veut travailler sur un objet imprimé, un fanzine. On ne sait pas encore à quoi ça va ressembler.
On cherche ensemble.
Ils sont 8, puis 7, parfois 6, parfois 5 et 4 – Transfert, maladie, non- permission de sortie –
On est 3 puis 5 – Céline et Camille, imprimeuses tout-terrain nous rejoignent pour trouver une forme –
22 novembre, il est 6h30, malgré la tempête de neige et la coupure électrique, on capte un message de l’administration pénitentiaire : “La sortie est maintenue”, on n’y croyait plus. Ils nous rejoignent à l’imprimerie de Céline à Bretoncelles, dans le Perche. On teste les presses, les typos et les couleurs, on mange des kebabs maison près du feu dans la salle Cabaret pour se réchauffer, on rigole de nos dégaines dans nos blouses trop petites et on pense à ceux qui n’ont pas pu sortir mais dont les textes nous entourent. On finit les impressions à la lampe torche.
Les néons se rallument pile quand on se dit au revoir, maintenant ça peut se voir qu’on est émues.
Si l’édition fait état de quelques consignes partagées, il y a aussi, tout autour et moins facile à mettre en forme, toutes les questions soulevées par les règles auxquelles on s’est prêtées en intervenant en milieu fermé.
Charlotte, Mathilde et Nina.
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